En Dordogne, des résidences seniors vont investir la campagne.
Marc Joly et Laurent Deverlanges ont présenté ce concept innovant qui sera bientôt développé en milieu rural, notamment à Montignac et Neuvic.
En septembre en Dordogne, à côté de l’Intermarché de Montignac, les premiers coups de pioche devraient être donnés pour la construction d’une résidence senior d’un nouveau genre. Marc Joly, soutenu par l’entrepreneur et élu neuvicois Laurent Deverlanges, a présenté son concept innovant mardi 2 mars, à l’incubateur H24 de Périgueux où son entreprise est hébergée.
L’homme, qui a débuté sa carrière dans la restauration avant de dériver dans l’événementiel puis la gestion de patrimoine, défend une autre vision de ces résidences, souvent portées par des promoteurs immobiliers nationaux.
« Les choses à l’envers »
«Nous avons voulu prendre les choses à l’envers. Avec ces structures, les logements sont vendus dans un but de défiscalisation et c’est très dur à revendre, détaille l’homme d’affaires. Nous, nous sommes partis de la somme que pouvait mettre un retraité en milieu rural. Nous avons choisi de faire la promotion et l’exploitation [de ce genre de résidence] sans aucune vente, mais uniquement avec des locataires.»
Baptisée ABC Résidences, l’entreprise s’appuie sur une trentaine d’investisseurs et espère lever 1 à 2 millions d’euros. L’appui des banques et d’un fonds d’investissement pouvant développer son caractère social doit permettre de donner naissance à la première résidence de ce type à Montignac. Le chantier, estimé à 9 millions d’euros, doit durer entre douze et quinze mois pour une ouverture envisagée au début de l’année 2023. «L’idée de Marc est de permettre à des seniors de se loger à partir de 1 000 euros par mois dans une résidence avec des services. Or, à ce jour, c’est un secteur abandonné», souligne Laurent Deverlanges.
Un enjeu de taille
Pourtant les élus, comme les maires de Montignac et de Neuvic, sont convaincus qu’il existe une demande. «Dans les dix ans, 40 % de la population aura plus de 60 ans, lance Laurent Mathieu, le maire de Montignac. Notre analyse des besoins sociaux dans la Communauté de communes de la vallée de l’Homme a justement montré un manque de structure entre le maintien à domicile et la maison de retraite, qui gère de plus en plus un accompagnement en fin de vie.» Les précédents projets de résidences affichaient des «tarifs prohibitifs». «Cela n’aurait pas fonctionné, nous sommes dans un territoire rural avec des personnes dont la pension est faible», constate Laurent Mathieu.
Au total, le projet, dont le permis de construire a été déposé, compte 84 logements avec une centaine de personnes accueillies. Les constructions seront en bois et biosourcées, constituées de petites maisons divisées en plusieurs appartements. Une partie sera dédiée à la vie commune, avec une grande salle d’animation. «La nourriture est un élément très important : elle sera faite maison avec des produits locaux, souligne Marc Joly. Nous arrivons à un tarif qui semble raisonnable, avec un repas à 11 euros le midi et un service d’abonnement qui le rendra un peu moins cher.»
Le projet devrait être «dupliqué» ailleurs dans le département. La commune de Neuvic s’est d’ores et déjà montrée intéressée pour bâtir une résidence de ce type dans le centre-ville. Les députés du Périgord vert et du Bergeracois qui ont rencontré Marc Joly ont également exprimé leur intérêt.
Les résidences ABC devraient aussi s’exporter, un contact étant pris dans le Lot, à Souillac. «Nous allons étape par étape. L’objectif est de construire et de remplir la première résidence, nous verrons après pour la suite», tempère Laurent Deverlanges.
>> De Paris au Périgord
À ce jour, une vingtaine «d’incubés» sont accueillis à Périgueux dans l’incubateur H24, fondé par l’entrepreneur Raymond Hamel à l’été 2019. «Il y a une dynamique, un engouement, avec des gens qui viennent d’autres régions comme Lille ou Montpellier pour cette deuxième promotion», remarque le fondateur.Marc Joly est venu en Dordogne à la suite de sa rencontre avec le directeur de Périgord Développement, François Gaumet, et des élus du territoire lors d’un salon de la micro-entreprise à Paris. «Nous avons entre 130 et 140 projets en portefeuille, indique François Gaumet. Une quinzaine ont abouti en 2020, créant une centaine d’emplois.»Le dirigeant renouvellera l’opération Osez le Périgord autrement les 19 et 20 mai à la Maison de la Nouvelle-Aquitaine à Paris pour tenter de séduire les patrons, désormais plus prompts à fuir la capitale. «J’ai besoin de l’appui des élus et des chefs d’entreprises pour que ces personnes comprennent qu’il est possible d’investir, d’entreprendre et d’innover sur des territoires comme la Dordogne», a souligné François Gaumet.
Source ( article consultable sur Sud-ouest ) :